La population comorienne résulte de métissages anciens et présente une grande cohérence ethnique, que ne remet pas en cause le particularisme de chaque île. Quelques groupes marginaux (villages " malgaches " de Mayotte ; commerçants d'origine indo-pakistanaise) ont préservé une identité plus spécifique.
Les clivages sociaux, héritages de l'Histoire, maintiennent, malgré les évolutions récentes, des oppositions fortes entre clans et quartiers, " brousse " et " ville ", descendants des vieilles familles " arabes ", se revendiquant de la lignée du Prophète, et fils des anciens esclaves...
L'Islam constitue le lien le plus fort de l'ensemble comorien. De mode sunnite, il est pratiqué selon les rites du chafiisme, l'école juridique la plus rigoureuse. Très conservateur donc, il est en fait imprégné de rituels, d'interdits, de coutumes remontant à la période anté-islamique, qu'il a recouverts. Très vigoureux, il a suscité depuis le début du XXe siècle le développement de confréries actives et attirantes. Le rayonnement des imams comoriens va jusqu'à Zanzibar et à l'Afrique orientale. Le gouvernement d'Ali Soilih avait tenté, en 1976, de lutter vigoureusement contre le frein que l'Islam oppose à l'innovation sociale ou économique. Il ne semble pas que la population ait approuvé ces choix. Le régime qui a renversé Ali Soilih est revenu au respect de la religion.
La langue comorienne s'apparente au swahili. Mais elle n'en est pas une simple variante, comme on l'a parfois affirmé. Le fait qu'il n'existe pas de réelle intercompréhension entre locuteurs swahili et locuteurs comoriens montre qu'il s'agit bien de deux langues différentes, toutes deux formées dans la rencontre entre une (ou des) langue(s) africaine(s), de type bantou, et l'arabe.
Le comorien présente, selon les îles, plusieurs variantes dialectales (l'intercompréhension demeurant possible de l'une à l'autre).La variété de la Grande Comore semble plus archaïque et d'une morphologie plus complexe. Le parler majorais, langue de l'île où a longtemps été fixée la capitale de l'archipel, a pu être considéré comme la langue commune (il a eu tendance à intégrer un grand nombre d'éléments venant des autres parlers comoriens).Le kibushi est la langue (proche du sakalava) parlée dans les villages " malgaches " de Mayotte.
Depuis toujours, les Comores ont connu la co-existence de plusieurs langues : outre les différentes variétés du comorien, le swahili, qui a longtemps servi de lingua franca dans les relations avec l'Afrique voisine ; l'arabe, langue prestigieuse de la religion ; le français, enfin, introduit par la colonisation et devenu langue des contacts avec le monde extérieur.
La culture comorienne amalgame un substrat africain, métissé d'apports arabo-persans, renouvelé par des emprunts plus récents à l'Afrique (qu'ont amenés les esclaves introduits par les Arabes), complété de traits venant de Madagascar.
La musique et la danse continuent de rythmer la vie sociale, à l'occasion des innombrables fêtes qui scandent le déroulement des jours : fêtes de la tradition musulmane, vieilles festivités agraires, cérémonies marquant les étapes importantes de la vie, de la naissance à l'enterrement, avec un prestige particulier pour le " grand mariage ", qui peut s'étaler sur neuf jours.On note cependant une évolution des formes musicales, sous l'effet des séductions de la technique : les groupes modernes intègrent des instruments électriques et des emprunts à la musique internationale de variétés.
Il existe une forme traditionnelle de théâtre, improvisé à partir de thèmes et de situations archétypales, jouant sur le comique et tenant un rôle de régulateur social, car visant à faire la satire de personnes que tout le monde reconnaît.
La tradition orale a commencé récemment à être systématiquement étudiée.On a recueilli les proverbes de Mayotte, édité un livre de chansons d'Anjouan.Plusieurs recueils de contes ont été publiés, dont certains en versions bilingues (comorienne et française).Une thèse importante a montré la richesse de la Tradition du conte de langue malgache à Mayotte (Noël Gueunier, 1985).Ces premières recherches font voir, à côté de thèmes empruntés aux traditions culturelles des pays voisins pour être acclimatés aux îles (ainsi du thème du " monstre dévorant ", sans doute d'origine africaine), des spécificités du conte comorien, quand il islamise les légendes du volcan ou quand il raconte l'introduction de l'Islam à la Grande Comore.
L'exploitation des données recueillies dans la tradition orale devrait permettre d'arracher l'histoire comorienne à une historiographie encore trop tributaire de sources extérieures, notamment celles fournies par la colonisation.
Une culture savante comorienne s'est déposée dans des manuscrits, écrits en caractères arabes, mais rédigés aussi bien en arabe qu'en comorien ou en swahili. Les manuscrits anciens, retrouvés dans l'archipel comme à Zanzibar, restent en nombre relativement faible. Ils consignent des légendes historiques ou développent des traités théologiques.
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