PLANIFICATION DE LA ZONE CÔTIÈRE DE L'ÎLE DE GRANDE COMORE.

INTRODUCTION

Au cours de sa préparation, la planification de la zone côtière de l'île de Grande Comore devra prendre en compte les problèmes et les opportunités concernant les ressources, les activités économiques existantes et les besoins de la population. Elle devra être le résultat d'un consensus entre tous les acteurs. Son développement devra se baser sur une déclaration officielle du Gouvernement. Sa mise en œuvre sera basée sur l'adoption de cette stratégie par le Gouvernement.

Une équipe nationale a été mise en place et a préparé le profil côtier de l'île de Grande Comore qui constitue la plus grande partie de ce document. A partir de ce profil côtier, une stratégie pour le développement de la planification de la zone côtière de Grande Comore a pu être élaborée et est proposée ci-après.

L'objectif principal de la planification est de définir un programme qui permettra d'assurer la compatibilité entre le développement économique, le niveau d'exploitation de la ressource et le bien-être de la population. Pour ce faire, il faut garder à l'esprit en permanence le concept de développement durable et l'appliquer dans toutes les phases de développement de la stratégie.

Orientations pour la planification de la zone côtière de Grande Comore

Sur la base du profil côtier et du diagnostic des ressources et des activités humaines qui viennent d'être développés, il est possible de proposer, pour la stratégie de planification de la zone côtière de Grande Comore, les principales étapes suivantes:

  1. Définir les objectifs prioritaires de la stratégie de planification,
  2. Définir pour chaque objectif les actions principales, évaluer leurs impacts sur la ressource et sur le développement durable,
  3. Au terme de la définition des orientations à prendre pour atteindre les objectifs et des actions nécessaires pour y parvenir, proposer un programme de mise en œuvre de la planification. Pour ce faire, il convient de:
  1. LES PRINCIPAUX ÉLÉMENTS DU PROFIL CÔTIER

On trouvera ci-après une courte description des principales caractéristiques de Grande Comore (géographique, écologique), des principales activités humaines et des problèmes qu'elles suscitent.

Caractéristiques du milieu

L'île de Grande Comore fait partie de la RFI des Comores; l'archipel est situé dans la partie nord du canal de Mozambique. Cette île volcanique, de 64 km de long et 24 km de large, est caractérisée par le massif volcanique actif du Karthala culminant à 2 360 m ainsi qu'un massif plus ancien au nord, celui de la Grille entouré d'une centaine d'anciens cônes volcaniques et la presqu'île de M'Badjini au sud aussi couverte de cônes. Une plaine côtière de 1 à 2 km de large existe sur la côte ouest et fait défaut au sud et à l'est.

La variabilité des données climatologiques, géomorphologiques, géologiques, sédimentologiques et de pédogenèse au sein d'un espace limité, aux pentes généralement fortes, contribue à l'originalité de l'île de Grande Comore.

Le milieu côtier et marin présente une grande richesse et diversité par la présence de récifs coralliens de type frangeant, de mangroves, d'herbiers sous-marins, de plages de sable noir, roux et blanc, de coulées de lave, d'îlots et de bancs sous-marins, de zones d'upwelling et en raison de sa localisation au sein de zones de migrations de grandes espèces pélagiques.

Ces caractéristiques font que l'île de Grande Comore possède un potentiel à valoriser dans un contexte de développement durable notamment du point de vue agricole, halieutique et touristique.

Malgré une pluviométrie bénéfique mais variable en fonction de l'altitude et de l'exposition aux vents, l'île n'a pas de réseau hydrographique permanent et est défavorisée par un substrat basaltique poreux. Les eaux infiltrées sont collectées au niveau de la nappe phréatique qui est profonde et par conséquent difficile d'accès. Les eaux côtières sont saumâtres au contact du biseau salé. L'eau douce approvisionnant l'île provient de citernes en basalte à l'entretien souvent déficient.

La fragilité naturelle du milieu et la disponibilité limitée voire l'insuffisance de certaines ressources, comme les ressources en eau, constituent une des caractéristiques les plus importantes à prendre en considération dans l'analyse du profil côtier de l'île. Cette fragilité est de surcroît largement menacée par les impacts négatifs de modes de mise en valeur et d'exploitation du milieu.

La rudesse de la morphologie sous-marine, la violence ponctuelle des courants et l'étroitesse du plateau continental font que le pourtour immédiat des îles reste fragile et menacé tant par les éléments naturels (érosion, éruptions, cyclones) que par l'exploitation humaine. Cette zone côtière, caractérisée par une grande biodiversité au sein de ses différents écosystèmes côtiers (récifs coralliens, herbiers, mangroves...), est menacée par une surpêche et une destruction de ses habitats par des pollutions multiples et une exploitation des coraux et du sable des plages.

Caractéristiques écologiques et ressources naturelles

Bien que peu étudiées, les Comores se situent après Madagascar pour la diversité des espèces (plus de 2.000 espèces floristiques répertoriées, 24 espèces de reptiles, 98 d'oiseaux, 17 de mammifères) et après les Seychelles pour son taux d'endémisme caractérisé comme très élevé (33% des plantes vasculaires dont 43 espèces d'orchidées, plusieurs douzaines de mollusques terrestres, 30 à 60% des insectes (papillons et araignées), 44% des reptiles, 25% à 75% des oiseaux nicheurs, 2 espèces et 3 sous-espèces de mammifères dont 3 mégachiroptères (notamment la chauve-souris géante de Livingstone) et un lémurien (ces deux dernières espèces sont absentes de Grande Comore). Une espèce endémique menacée est d'importance mondiale comme le "poisson-fossile", le Cœlacanthe. Parmi les autres espèces menacées, on trouve des invertébrés (corail noir, huîtres perlières, conques de Triton, Turbo, bénitiers...), des tortues marines (tortues vertes et tortues à écailles), des dugongs et des lémuriens.

Le prélèvement excessif tant des coraux que du sable à des fins de construction met en péril l'équilibre fragile des écosystèmes côtiers caractérisés par une biodiversité d'importance régionale et dont le rôle est indispensable dans l'échelle trophique des ressources vivantes côtières et marines ainsi que comme zone tampon contre l'érosion marine.

Grande Comore est l'exemple classique d'un pays où les ressources naturelles se détériorent de plus en plus sous la pression anthropique mal dirigée amputant la capacité de nutrition des populations et l'équilibre écologique des écosystèmes naturels.

Des habitats écologiquement importants comme les récifs coralliens, les herbiers sous-marins, les mangroves et les plages constituent des aires sensibles menacées par l'extraction de sable et de coraux, la surpêche par des moyens destructeurs, la pollution par la décharge de pesticides, des eaux usées et de déchets solides, l'urbanisation côtière anarchique...

Seule une partie de la forêt du Karthala est restée naturelle. Les pentes de ce massif présentent une succession d'écosystèmes représentatifs de tous les étages bioclimatiques évoluant selon l'exposition des versants aux précipitations, la nébulosité, l'altitude, la géomorphologie, la pédogenèse et la présence de coulées de lave.

La forêt naturelle représente un réservoir unique de biodiversité parmi une complexité de niches écologiques qui ne sont pas toutes étudiées; ce patrimoine contient notamment de nombreuses espèces et sous-espèces endémiques dont certaines sont encore nouvelles pour la science et méritent d'être inventoriées de façon systématique.

Le défrichement accéléré de la forêt naturelle menace d'extinction un réservoir unique de nombreuses espèces endémiques et d'écosystèmes spécifiques représentatifs dont la diversité est accrue par le facteur altitudinal.

Activités humaines

La situation actuelle est le résultat d'une exploitation généralement anarchique des ressources naturelles et de l'absence d'une politique rationnelle d'aménagement du territoire. Parmi les solutions proposées, viennent en priorité, le règlement de la question foncière, la responsabilisation des communautés de base et une approche intégrée de tous les aspects du développement et de la conservation des ressources naturelles.

Le patrimoine historique et culturel de Grande Comore est très diversifié par ses origines perses, indiennes, indonésiennes, bantoues, malgaches et européennes mais n'est malheureusement pas mis en valeur. Comme ces ressources historiques sont en général localisées en milieu côtier, elles sont menacées de destruction par des phénomènes anthropiques comme une urbanisation anarchique et l'exploitation des plages.

La population de Grande Comore est caractérisée par une extrême jeunesse (41% de moins de 15 ans) et une croissance démographique élevée (actuellement 2,7%) en raison de l'amélioration des conditions sanitaires, de la généralisation de la polygamie et de l'insuffisance de la contraception. Depuis la dévaluation en 1993, les troubles militaires et politiques font penser que les Comores sont parmi les plus défavorisés du continent africain mais une compensation existe grâce aux revenus transférés par les expatriés et à l'émigration. En effet, l'Indicateur de Développement Humain (IDH) en 1990 mettait les Comores parmi les valeurs moyennes des pays africains. Le taux de scolarisation a reculé (64,2%) depuis 1991. Le taux de réussite scolaire a nettement diminué. Le coefficient de dépendance alimentaire est supérieur à 50%.

Des actions de planification familiale, une amélioration des services de santé, des services de scolarité, de la gestion des déchets, de la qualité de l'eau et un programme alimentaire et de vaccinations pour les enfants sont des réponses adéquates pour répondre aux problèmes que subit la population comorienne.

La pression démographique sur les terres arables et le bas niveau de développement économique causent une urbanisation élevée et en progression. L'urbanisation est explosive et anarchique, sans équipements collectifs, en raison d'une absence de plan d'aménagement du territoire et de schéma d'aménagement urbain actualisé ainsi que du non respect des avis du Service de l'Urbanisme sur l'attribution des permis de construire.

Le régime foncier aux Comores est complexe car il n'y a pas d'immatriculation systématique des terres et trois droits fonciers s'appliquent concurremment: le droit colonial, le droit musulman et le droit coutumier. La précarité des droits sur la terre démotive les occupants à investir dans son amélioration et sa conservation.

Grande Comore possède un réseau routier relativement satisfaisant essentiellement localisé le long des côtes. Concernant les liaisons maritimes, le port de Moroni, la seule infrastructure portuaire de l'île, reste insuffisant comme port de commerce. Les cargos ne peuvent pas y accoster et il y a un risque de pollution lors du transfert de carburant par conduites flottantes. Il n'y a pas de port de plaisance.

Le trafic inter-îles est très insuffisant, aléatoire et sans contrôle de sécurité. Le trafic aérien international repose sur l'aéroport de Hahaya à proximité de Moroni. La concurrence récente des vols a fait baisser les prix et augmenter la fréquence des vols. Le transport aérien inter-îles est actuellement problématique du point de vue des prix, de la sécurité, de la fréquence et de la régularité des vols; il est à développer notamment pour faciliter le tourisme.

La collecte, le contrôle sanitaire et la distribution d'eau potable ne sont pas fiables ni en quantité, ni en qualité et ni en régularité.

La production de l'électricité est épisodique avec souvent de fortes variations de tension; elle est tributaire des importations de produits pétroliers. L'utilisation du bois comme combustible est courant dans les travaux ménagers ainsi que dans les petites entreprises agro-alimentaires comme les distilleries d'ylang-ylang.

Il n'y a pas aux Comores de réseau de collecte ni de traitement des déchets liquides et solides. Il y a donc un risque de pollution de la nappe phréatique par les fosses septiques, les puits d'infiltration et les lixiviats et des eaux côtières par les décharges solides et les égouts. Ces conditions d'insalubrité favorisent l'expansion de vecteurs de maladies contagieuses (paludisme, filariose...) ainsi que l'expansion de la population de rats.

Certains phénomènes naturels (modelé disséqué, décapage des sols fragiles même sous forêt dès que le relief est accidenté, cyclones, éruptions volcaniques, érosion côtière...) sévissant sur l'espace terrestre, côtier et marin de Grande Comore sont fortement accentués par l'action humaine et notamment par l'utilisation de l'espace pour l'agriculture, l'élevage, la foresterie, la pêche et l'urbanisation.

Le secteur primaire, notamment l'agriculture, prédomine dans les activités économiques comoriennes, faisant vivre environ 80% de la population et assurant 98% des recettes d'exportation. En général sur le territoire exigu de l'île prédominent des techniques culturales et des modes d'exploitation inadaptés à la pression accrue de la population.

L'élevage peu organisé et non intégré à l'agriculture, la déforestation pour la production de bois de feu et la diminution du temps de jachère, induisent une diminution de la fertilité et une dénaturation des sols et la poursuite du défrichement de la forêt.

L'agriculture comorienne souffre de la très faible productivité des cultures vivrières, pratiquées en association, et de la dualité culture de rente/culture vivrière sur un mode extensif d'autant plus que le secteur agricole est considéré comme le moteur de la relance économique.

Le manque de circuits de commercialisation, de contrôle sanitaire et génétique ainsi que d'appui technique et financier aux agriculteurs, aux éleveurs et à l'industrie agro-alimentaire sont des freins au développement de la production agricole. Il n'y a pas de véritables industries agro-alimentaires aux Comores, seulement des petites unités artisanales de transformation de produits locaux (fruits, lait, vanille, girofle, copra, ylang-ylang).

Etant donné l'insuffisance de la production alimentaire locale face à a demande intérieure, les importations sont conséquentes et la balance commerciale est largement déficitaire. La dévaluation n'a pas permis de relancer les exportations de vanille, de girofle, ylang-ylang et de coprah qui connaissent actuellement une mévente causée par l'émergence de nouveaux pays producteurs plus compétitifs et par la forte concurrence des produits de synthèse.

La pêche aux Comores est uniquement de nature artisanale et n'est destinée qu'à la consommation intérieure. Les produits de la pêche représentent l'apport principal de protéines animales. Une politique d'exploitation du milieu marin et côtier est nécessaire pour garantir la pérennité de la ressource et interdire les pêches destructives (poison, dynamite, filets à mailles trop fines...).

Des techniques de pêche au large des espèces démersales et pélagiques ont été introduites dans le cadre de projets de coopération (motorisation, nouvelles embarcations, dispositifs concentrateurs de poissons, pêche à la traîne, au palangre...) afin de réduire la pression sur le littoral (surpêche, destruction de l'habitat, pollution) et d'assurer la sécurité alimentaire pour le pays. L'absence de techniques de conservation et de commercialisation du poisson se fait sentir et fait l'objet de divers projets d'appui au développement de la pêche.

Des accords de pêche ont été négociés avec des thoniers européens pêchant dans la ZEE comorienne, mais l'importance des captures ne peut être chiffrée avec précision en raison d'actions de pêche illégale par des nations ayant passé des accords de pêche avec des pays voisins.

Le tourisme aux Comores est encore à ses débuts et n'a pas encore de véritables retombées économiques. L'écotourisme est une des sources potentielles de revenus permettant aussi de protéger et de gérer le patrimoine naturel, historique et culturel de l'île. Le développement de l'artisanat, la création de zones thématiques ainsi que l'installation d'un circuit de relais éco-touristiques et de sentiers de randonnées sont repris dans les projets de développement du tourisme.

L'environnement économique et juridique n'incite pas à la création et au développement d'entreprises privées aux Comores en raison entre autres de l'absence de matières premières, de l'isolement du reste du monde, du coût élevé de l'énergie et de l'absence de tribunal du commerce.

Cadre politique, juridique et institutionnel

Le cadre politique de l'environnement et de l'aménagement du territoire aux Comores repose sur deux documents: la Politique Nationale de l'Environnement (PNE) adoptée en 1994 et le Plan d'Action Environnemental (PAE) adopté en 1995.

Du point de vue juridique, le texte le plus important est la Loi cadre relative à l'Environnement, adoptée en 1994 et dont les décrets d'application sortent progressivement. Cette loi couvre entre autre les aspects de la pollution, des études d'impact, de la protection de l'environnement terrestre et marin et des aires protégées. Au niveau international, les Comores ont signé ou ratifiés en 1994 et 1995 8 conventions internationales, dont celles sur la Diversité Biologique, les Changements climatiques, Ramsar et la convention régionale du PNUE pour l'Afrique orientale.

Les institutions nationales relatives à la gestion de l'espace ont été restructurées dans les dernières années pour donner un schéma cohérent comprenant un Comité Interministériel Consultatif sur l'Environnement récemment transformé en Comité National de Coordination du Développement Durable (CNCDD) qui assure la liaison entre les divers Ministères concernés. Parmi ceux-ci, le plus impliqué dans la planification est le Ministère du Développement Rural, de la Pêche et de l'Environnement dont une des structures, la Direction Générale de l'Environnement comporte un Service de l'Aménagement du territoire. Les autres ministères d'importance sont ceux du Transport et du Tourisme, de l'Equipement, du Plan et le Centre National de Documentation et de Recherche Scientifique.

Le dynamisme associatif est fort aux Comores et des Organisations Non Gouvernementales (ONG) sont à la base d'une série d'initiatives dans le domaine de la protection et de la gestion de l'environnement. La structure villageoise traditionnelle aux Comores privilégie la concertation de tous les membres pour la prise de décision. Ainsi se trouve facilité le développement des associations en groupement et des organisations non gouvernementales nationales, régionales ou locales. D'un point de vue stratégique ces ONG sont des chaînons indispensables.

II. DU PROFIL CÔTIER À LA PLANIFICATION

A partir du diagnostic qui vient d'être établi, il est possible de détailler les principales actions nécessaires pour réaliser la planification côtière. Le canevas proposé ci-dessus est développé dans les paragraphes suivants.

1. Définir les objectifs prioritaires de la stratégie de planification

Dans le cas de Grande Comore, en s'appuyant sur les conclusions du diagnostic, les objectifs prioritaires de la planification côtière pour un développement durable doivent couvrir les thèmes suivants:

2. Définir pour chaque objectif les actions principales, évaluer leurs impacts sur la ressource et sur le développement durable

Cette étape ne peut être réalisée que dans le cadre d'une concertation de la population, à tous les niveaux. Pour chacun des objectifs, on peut déjà proposer les orientations suivantes:

2.1 Maintenir ou restaurer la qualité de l'environnement côtier à travers un zonage des activités et des usages (urbanisation, industrie, tourisme).

Cet objectif ne sera atteint qu'à travers une participation de tous les acteurs nationaux publics, privés et ONG. Cette participation se fera sous forme de réunions, de propositions, de révisions, afin de correspondre au mieux aux besoins et aux potentialités de l'île de Grande Comore, à la fois dans son cadre national, régional et international.

La planification des activités en mer se fera au niveau national avec les pêcheurs, les armateurs et la marine nationale. Au niveau international, elle impliquera tous les partenaires du pays dans les actions de pêche, de transport de produits et de personnes, dans les eaux territoriales et la zone exclusive économique (ZEE) du pays.

La planification des activités à terre se fera aussi avec l'ensemble des partenaires. Il convient d'intégrer entre autres à la réflexion et au choix des options les agriculteurs, les industriels, les petites entreprises, les opérateurs privés, notamment dans le secteur du tourisme et toutes les institutions nationales.

Les cartes préparées dans le cadre du diagnostic, et en particulier la carte de synthèse, constituent un support essentiel pour les discussions préliminaires et la prédéfinition du zonage. Ce zonage devra prendre en compte tous les aspects du développement et leurs impacts sur les zones de conservation.

2.2 Développer un zonage des actions de conservation pour la protection des espèces les plus remarquables et la protection/ restauration des écosystèmes côtiers.

Pour cet aspect, on s'orientera vers la protection des espèces les plus remarquables (comme le coelacanthe) et la protection et la restauration des écosystèmes en particulier dans le domaine terrestre, les forêts relictuelles et dans le domaine marin les récifs coralliens et les mangroves.

Pour établir un zonage cohérent permettant d'assurer à la fois des actions de conservation et des activités de développement comme le tourisme, l'agriculture et la pêche, il convient d'impliquer dans la décision tous les acteurs appartenant à ces différents secteurs.

2.3 Assurer un développement cohérent des zones urbaines et industrielles, contrôler et réduire la pollution pour assurer une meilleure qualité de vie pour la population.

Ce développement doit s'appuyer entre autres sur des politiques cohérentes concernant le foncier, la croissance démographique, la santé, la gestion des ressources en eau, l'énergie, le traitement des déchets et le développement des infrastructures nécessaires au développement économique.

En particulier, chaque centre urbain et chaque zone industrielle fera l'objet d'un plan de développement spécifique comprenant les infrastructures appropriées (eau, énergie, déchets).

2.4 Sensibiliser et éduquer la population.

La population doit être sensibilisée au processus de planification, à sa nécessité pour la survie et le bien être de la population de Grande Comore en particulier et de l'ensemble du pays en général. Cette sensibilisation se fera de façon naturelle si le processus est développé de manière participative, avec l'inclusion dans les discussions et dans les choix de toutes les couches de la population et de tous les secteurs d'activités.

Un programme adapté d'éducation et d'orientation professionnelle des jeunes viendra renforcer et pérenniser toutes ces actions de planification.

3. Programme de planification côtière

Au terme de la définition des orientations à prendre pour atteindre les objectifs et des actions nécessaires pour y parvenir, il faut préparer un programme de planification côtière. Pour ce faire, il convient de passer par les étapes suivantes:

3.1 Entériner officiellement et fermement la volonté du Gouvernement de se lancer dans une politique d'aménagement du territoire et de planification côtière.

Cette déclaration de politique générale doit être faite par la plus haute autorité nationale et être inscrit au budget de l'Etat (Programme d'Investissement Prioritaire - PIP) pour pouvoir mener à bien sa réalisation.

3.2 Désigner une autorité responsable pour la mise en œuvre de la stratégie, en définissant les mécanismes de coordination avec l'ensemble des partenaires impliqués, tant publics que privés ainsi que les ONG.

L'autorité pour la préparation (Service de l'Aménagement du Territoire de la Direction de l'Environnement) peut être différente de celle responsable de sa mise en œuvre. A ce stade, la nécessité de décision et de résolution de conflits d'intérêt nécessite une autorité supérieure, sauf si le service responsable a été doté des outils juridiques nécessaires pour la mise en œuvre. Dans le cas de Grande Comore, l'utilisation du Comité National de Coordination de Développement Durable élargi aux autorités de l'île est peut être la meilleure solution pour une garantie de succès.

3.3 Dégager ou rechercher les financements nécessaires.

En cours de préparation, la réalisation de la planification fera l'objet d'une évaluation des coûts. Cette phase, sur la base de la déclaration formelle d'orientation nationale et des dossiers préparés, pourra faire l'objet de financement à partir du budget national ou dans le cadre d'accords de coopération.

3.4 S'assurer du bon développement de la planification (conforme à l'agenda établi, voir plus loin), mettre en place des indicateurs de suivi (écologiques, sociaux, économiques et politiques) et revoir si nécessaire les orientations en fonction des objectifs initiaux.

Les indicateurs pour le développement durable doivent être définis et suivis dans le cadre de la planification côtière. Par développement durable, on entend les facteurs économiques, sociaux, environnementaux et institutionnels.

Sur la base de ces indicateurs, on mettra en place un système de révision et la possibilité de réorienter les actions en fonction d'éléments nouveaux ou de changement de situation, tant régionale qu'internationale (tourisme, prix des produits de rente...).

III. PROGRAMME DE MISE EN OEUVRE DE LA PLANIFICATION CÔTIÈRE

Pour chaque secteur clef et en particulier pour:

un dossier sera préparé en fonction des orientations et des objectifs assignés pour la planification de la zone côtière.

Le dossier institutionnel s'appliquera à ce que les institutions existantes puissent mettre en œuvre la politique retenue. La redéfinition de leurs attributions, le renforcement ou la réorganisation de certaines administrations pourront s'avérer nécessaires. Si besoin est, une nouvelle administration pourrait être définie et mise en place. En outre, la formation des personnels sera améliorée.

Le dossier juridique est complexe, car la législation vient de subir de profondes modifications. De ce fait, il convient de renforcer ses potentialités en accélérant l'adoption des décrets d'application de la loi cadre sur l'environnement et des diverses conventions internationales. Au terme du processus de planification, on pourrait envisager la préparation d'une loi du littoral. Le dossier juridique se préoccupera tout d'abord de l'adéquation des textes existants avec les objectifs et la mise en œuvre de la planification de la zone côtière. Il définira ensuite les modifications à y apporter ou les nouveaux textes nécessaires à sa mise en application. Ces textes pourront concerner en particulier la réglementation des activités (loi littoral), les institutions (définition des attributions) ou des sujets plus complexes comme la réglementation foncière. Une réforme foncière, basée sur une nouvelle législation, une nouvelle taxation et un cadre institutionnel, est indispensable à l'aménagement du territoire et en particulier à l'efficacité d'une réelle politique agricole, à la gestion des ressources naturelles, à l'encouragement de l'investissement et au développement rationnel des zones urbaines et industrielles. Pour la mise en œuvre de la planification, les modalités d'application des lois existantes doit être renforcée à travers une meilleure formation des personnels.

Pour les dossiers techniques sectoriels, un certain nombre de remarques et de réflexions ont été faites dans l'élaboration du diagnostic. De même, des recommandations ont été préparées et des orientations retenues, en se basant sur l'existant et sur les programmes en cours ou prévus. Cependant, en cours de préparation du zonage général de la planification côtière, certaines incompatibilités peuvent apparaître. Ceci fera l'objet d'une des phases de négociation avant l'adoption d'un zonage des activités et un choix plus précis des orientations de l'action.

Un dossier sera préparé pour chaque secteur majeur. Sur la base des recommandations du diagnostic, il est possible d'orienter les actions dans chaque secteur comme défini ci-après.

Population

Pour formuler une politique permettant de contrôler la croissance démographique, il convient:

Santé et éducation

A l'interface de la planification côtière et de la santé et de l'éducation, un certain nombre d'actions sont nécessaires ou doivent être renforcées et notamment:

Eau

Les objectifs de la politique nationale de l'eau visant à assurer la distribution au plus grand nombre et en quantité suffisante d'une eau de qualité (contrôlée sanitairement) ne sont atteints que partiellement. Dans le cadre d'un développement socio-économique durable, il convient de gérer la qualité et la quantité des ressources en eau en développant les actions suivantes:

Energie

Il faut améliorer l'utilisation des ressources énergétiques aux Comores et évaluer les possibilités de l'utilisation d'autres sources d'énergie comme l'énergie éolienne, hydrothermique, géothermique ou solaire (estimée la plus prometteuse en raison de la moyenne annuelle de 2.600 heures d'insolation aux Comores). En ce qui concerne l'électricité, il faut améliorer les réseaux de distribution et créer des unités de production plus importantes et trouver des solutions pour baisser les coûts.

Transport

Une amélioration des infrastructures routières, maritimes et aéroportuaires dans le cadre d'une planification spatiale générale est à développer.

Construction/habitat

Afin d'assurer un développement cohérent de l'habitat, un certain nombre de mesures peuvent être préconisées:

Traitement des déchets

La collecte et le traitement des déchets liquides et solides ne sont pas assurés sur l'île. Un plan général est à développer pour l'ensemble de Grande Comore et en particulier les grands centres urbains.

Agriculture/Forêt

Il existe d'importants programmes en cours sur l'agriculture, l'élevage et la pêche. Une coordination avec tous les autres projets sur ce thème est nécessaire. En ce qui concerne la forêt dont l'importance est vitale pour un développement durable, les actions suivantes sont recommandées:

Pêche et Récifs coralliens

Pour ce qui est de la pêche, l'application ou l'amélioration de la législation existante, la mise en réserve de certains sites, la préparation de plan de gestion des ressources marines sont nécessaires.

En outre, afin d'adapter des méthodes de gestion et de conservation appropriées, il est nécessaire d'effectuer un inventaire des espèces faunistiques et floristiques, une estimation des populations au sein de l'écosystème des récifs coralliens ainsi que de mener une surveillance de l'état de santé des récifs en évaluant l'impact des activités humaines.

Patrimoine culturel

L'histoire et la culture très diversifiée des Comores font de cet archipel une entité unique dont le patrimoine est à préserver et à mettre en valeur. Une remise en état des monuments historiques s'impose et leur réhabilitation dans un contexte culturel régional au niveau de l'océan Indien serait nécessaire. Ces sites historiques une fois réhabilités pourraient contribuer fortement à l'essor touristique.

Tourisme

Il convient de développer une réelle politique du tourisme prenant en compte, en particulier, le développement d'un artisanat original et de qualité, la baisse des tarifs aériens, l'amélioration des liaisons maritimes, l'installation des petites infrastructures et l'implication de la population dans des actions de type écotourisme (relais, chemins de randonnée).

Industrie et secteur privé

Il faut favoriser l'essor des petites et moyennes entreprises en respectant l'environnement (distilleries au mazout, petites unités de concassage dans les villages, coopératives) et en tirant profit des expériences dans la région. Un tel développement ne peut se faire sans la définition et l'aménagement de zones industrielles dans des sites adéquats et pourvues de systèmes d'épuration.

Recherches et études complémentaires

Il convient tout au long du processus de planification de compléter les études, de faire des recherches complémentaires ou de mettre en place des mécanismes de suivi dans de nombreux domaines et en particulier pour la météorologie, l'océanographie, les récifs coralliens, les herbiers sous-marins, les mangroves, les plages, la faune et la flore en général. Pour les espèces endémiques, rares et menacées, il convient de développer des programmes particuliers, comme cela est prévu en particulier pour le coelacanthe, les tortues marines dans le programme FEM-biodiversité pour les Comores.

Des données sont aussi nécessaires pour le patrimoine culturel, pour les aspects sociaux (population, santé) et économiques (agriculture, pêche, petites et moyennes industries, commerce).

Information et sensibilisation

Les actions de sensibilisation en environnement/développement, la formation et les projets de recherche sont à développer à un niveau national et régional. Il faut notamment aider le CNDRS à assumer son rôle de bibliothèque, de base de données, de musée et d'organisme de recherche. Il faut renforcer les actions concernant l'information et la sensibilisation des communautés locales et des visiteurs en créant des centres d'information sur l'environnement côtier de l'île ou sur des espèces particulières, comme le coelacanthe, ou des écosystèmes (récifs, plages, mangroves, forêts).

Formation

La formation doit viser des personnes clefs dans la planification, comme les institutions responsables de sa mise en œuvre (avec des formations spécifiques, par exemple sur les études d'impact, les SIG) mais aussi des secteurs valorisant la conservation de l'environnement comme les guides (randonnée, nature, mer, monuments historiques et culturels) ou les enseignants et les ONG qui peuvent sensibiliser les villageois ou les élèves des écoles.

L'intégration de toutes ces données dans un zonage des activités et des usages sera réalisée au cours de réunions du CNCDD élargi. C'est au cours de ces réunions de concertation que sera précisé le zonage et réglés les conflits potentiels entre les activités de développement et la conservation des ressources naturelles.

IV. PHASAGE DES OPÉRATIONS DE PLANIFICATION CÔTIÈRE

  1. Entériner officiellement et fermement la volonté du Gouvernement de se lancer dans une politique d'aménagement du territoire et de planification côtière.
  2. Désigner une autorité responsable pour la préparation de la stratégie de planification, qui pourrait être le CNCDD élargi aux autorités de Grande Comore avec un secrétariat assuré par le Service de l'Aménagement du Territoire de la Direction de l'Environnement.
  3. Mettre en place un groupe de travail sur les aspects juridiques et institutionnels, groupe qui devra préparer les dossiers de ces deux secteurs et assister à l'ensemble des réunions de travail entre les diverses administrations.
  4. Préparer les dossiers sectoriels en fonction des orientations et recommandations présentées plus haut (II); chaque dossier sectoriel devra comporter un volet de zonage physique des activités et des usages dans une optique de développement durable.
  5. Réaliser des réunions de concertations inter-départements et inter institutions afin d'arriver à un zonage physique cohérent; les points de litige seront examinés en session plénière par le CNCDD élargi.
  6. Adopter en réunion plénière une proposition de zonage pouvant être soumise au Gouvernement.
  7. Décider au niveau du Gouvernement de la mise en œuvre de cette planification côtière pour Grande Comore.
  8. Dégager ou rechercher les financements nécessaires.
  9. Désigner une autorité responsable pour la mise en œuvre de la stratégie de planification, en définissant les mécanismes de coordination avec l'ensemble des partenaires impliqués, tant nationaux qu'internationaux, tant publics que privés ainsi que les ONG.
  10. S'assurer du développement de la planification, mettre en place des indicateurs de suivi et revoir les orientations, si nécessaire, en fonction des objectifs initiaux.

V. VERS UNE ZONATION PRÉLIMINAIRE DES ACTIVITÉS ET DES USAGES

Au vu des conditions du milieu, de la fragilité des écosystèmes et de la sensibilité des espèces et des impacts probables des activités humaines, il est possible de proposer une zonation des activités et des modes de gestion associés.

Diverses zones ont été définies, dont les objectifs et la gestion seront variables. En allant vers une gestion concernant les zones à usages multiples vers les zones de conservation à gestion stricte, une première approche permet de différencier en domaine terrestre: les zones industrielles et les zones urbaines, les zones touristiques, les zones agricoles, les zones forestières et les zones de conservation A cette zonation de l'espace viennent se superposer les infrastructures nationales vitales (routes, électricité, eau). En domaine marin, on distinguera: les zones marines de conservation, les réserves de pêche, les zones marines touristiques et les zones marines à usage multiple. Cette zonation est reportée sur la carte schématique (Figure 1) et des précisions sont données dans les paragraphes suivants.

Zones industrielles

La principale zone permettant de développer des activités industrielles de petite et moyenne dimension se situe sur la côte ouest de l'île, entre Moroni et Hahaya. C'est dans cette zone que se trouve déjà une importante unité de concassage et l'aéroport international. De plus les terrains ne sont en général pas propices à l'agriculture (seulement quelques pâturages) étant souvent d'anciennes coulées de lave.

Zones urbaines

Les principaux pôles d'urbanisation de Grande Comore sont par ordre d'importance: Moroni et sa zone périphérique (N'Tsoudjini, Ikoni, Unkazi) y compris Hahaya en progression, Mitsamiouli et sa périphérie avec Bangoi Kouni et N'Tsaouéni en essor, M'Beni et sa périphérie et la zone sud-est de Foumbouni, Malé, Kourani, Dembeni.

Zones terrestres touristiques

La zone la plus importante est la zone au nord de Mitsamiouli, de la plage de Maloudja à la plage de N'Droudé et l'île aux tortues en incluant le Trou du prophète, le lac salé et Goulaïvoini. On peut étendre cette zone à la plage de Bouni proposée comme zone thématique; les deux autres zones d'attraction touristique sont localisées sur la pointe sud-est de la région de Chindini à Malé et au centre-est à Chomoni. Le volcan du Karthala et son cratère est une attraction touristique certaine, deux sites de randonnées sont localisés à Convalescence et à Hantsongoma; le massif de la Grille en possède un à Filao.

Zones agricoles

L'activité agricole est prédominante sur l'île. La zonation des activités agricoles sur l'île est complexe et n'obéit à aucun plan défini. Les facteurs altitudinaux, de microclimats, d'exposition aux vents et de morphopédologie déterminent en gros:

Zones forestières

Outre le massif du Karthala proposé en zone forestière de conservation, le massif de la Grille ayant été entièrement déforesté de sa végétation naturelle, présente actuellement des zones reboisées avec en général des essences non adaptées aux conditions de l'île et actuellement surexploitées.

Zones forestières de conservation

La forêt naturelle du Karthala, localisée à partir d'environ 1.000 m est proposée comme zone de conservation. Les versants ouest et sud, plus arrosés et comportant des sols plus profonds abritent une forêt de brouillard et, plus en altitude, une forêt dense humide particulièrement intéressante pour sa faune et sa flore.

Zones marines de conservation

Deux zones de conservation du coelacanthe pourraient être proposées sur la côte ouest de Sima-Amboini à Salimani et de Moroni à Hahaya. Dans ces zones, la pêche peut se faire au bord de côtes qui sont en général rocheuses à moins de 150 m ou au large à environ 800-1.000 m de profondeur appuyée par l'installation de dispositifs de concentration de poissons. Les zones de conservation pour les tortues marines et les dugongs correspondent aux sites de ponte et aux herbiers que l'on trouve dans le nord en face de Mitsamiouli et en face de N'Droudé sur le platier de l'île aux tortues. Des sites de ponte de tortues sont aussi localisés à Bouni, Chomoni et sur la pointe sud à Malé et Chindini.

Image3.gif (15153 octets)

Figure 1. Carte de proposition de zonation pour Grande Comore

Réserves de pêche

Les réserves de pêche temporaires ou permanentes sont à définir par la Direction des Pêches en accord avec les populations pour préserver des zones de frayères ou de croissance de certaines espèces.

Zones marines touristiques

Les zones où se pratiquent des sports nautiques et surtout de plongée sont généralement localisées sur les côtes nord (bien exploitée par le centre nautique du Galawa) et ouest, de Mitsamiouli à N'Tsaoueni, en face de Hahaya, d'Itsandra, Moroni, M'Bachilé, Singani et Itsoundzou. Un site de plongée particulièrement intéressant est celui que présente le mont sous-marin du banc Vailleu. La pêche au gros présente un potentiel important aux Comores et se pratique en général au large des côtes dans les environs du Banc Vailleu et au-delà de la pointe sud, dans le passage entre les îles.

Zones marines à usage multiple

Le reste de l'espace marin représente une zone à usages multiples.

 

Retour

 

 

PROFIL ENVIRONNEMENTAL DE L'UNION DES COMORES

 

 

 

 

WEBCOMORES