Plusieurs des principales maladies tropicales dont le paludisme, l'éléphantiasis, l'onchocercose et la maladie du sommeil peuvent être maîtrisées ou éliminées, mais uniquement si les Etats Membres de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les autres organisations internationales consacrent à cet effort les ressources nécessaires. C'est la conclusion à laquelle est parvenue la Cinquantième Assemblée mondiale de la Santé aujourd'hui dans quatre résolutions approuvées à sa dernière séance plénière.
Le Directeur général de l'OMS, le Dr Hiroshi Nakajima, a déjà affecté un montant supplémentaire de US $10 millions en 1997 à la lutte contre la maladie tropicale la plus préoccupante qu'est le paludisme. Mais l'OMS ne peut espérer maîtriser le paludisme et progresser vers l'élimination d'autres grandes maladies tropicales sans une action d'appui coordonnée des Etats Membres, comme l'Assemblée mondiale de la Santé l'a souligné dans ces mêmes résolutions.
Tout en demandant à l'OMS de mobiliser des ressources dans le cadre de l'Organisation et auprès d'autres organisations internationales pour lutter contre les maladies tropicales et appuyer une collaboration internationale efficace, l'Assemblée mondiale de la Santé a reconnu que les différents Etats Membres doivent compléter les initiatives de l'OMS en apportant des ressources humaines et financières pour améliorer les dispositifs nationaux de prévention et de lutte.
Chaque année, on compte 300 à 500 millions de cas de paludisme et 1,5 à 2,7 millions de décès dus à cette maladie, dont 90 % surviennent dans les pays d'Afrique, au sud du Sahara. Les deux tiers des autres décès sont concentrés dans six pays, l'Inde, le Brésil, le Sri Lanka, le Viet Nam, la Colombie et les Iles Salomon, dans l'ordre de prévalence décroissant.
Ces dernières années, les donateurs bilatéraux et multilatéraux ont manifesté un intérêt accru pour la prévention et la lutte antipaludiques, mais l'Assemblée mondiale de la Santé a invité instamment "les Etats Membres à renouveler leur engagement politique en faveur de la lutte antipaludique [et] à accorder le plus haut degré de priorité à la lutte contre la mortalité due au paludisme".
Les chefs d'Etat et de gouvernement des Etats Membres de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) devraient prendre un nouvel engagement politique en faveur de la lutte antipaludique lors de leur réunion qui aura lieu à Harare (Zimbabwe) du 2 au 4 juin 1997. Les ministres de la santé des pays de l'OUA ont recommandé, le 7 mai, pendant l'Assemblée mondiale de la Santé à Genève, la ratification par le prochain Sommet de l'OUA d'une déclaration pour la prévention et la lutte antipaludiques.
L'Assemblée mondiale de la Santé a également recommandé de mettre tout spécialement l'accent sur la lutte contre l'éléphantiasis, l'une des six maladies infectieuses pouvant être éradiquées.
La filariose lymphatique touche 120 millions de personnes de 73 pays dans cinq Régions d'endémie, l'Asie du Sud-Est, l'Afrique, le Pacifique occidental, les Amériques et la Méditerranée orientale.
Selon l'Assemblée de la Santé, les récents progrès enregistrés dans la mise au point de moyens de traitement efficaces et simplifiés et d'instruments de surveillance donnent aux Etats Membres la possibilité d'éliminer la filariose à condition de se doter des programmes nationaux de lutte nécessaires. Les plans nationaux devront avant tout intégrer de manière rentable aux systèmes de santé existants des schémas thérapeutiques à dose annuelle unique nécessaires pour lutter contre la filariose.
Il est techniquement possible d'éradiquer la dracunculose en veillant à un approvisionnement en eau saine et en évitant la propagation de la maladie à l'homme par l'eau. Tout ce qui fait encore défaut, selon l'Assemblée mondiale de la Santé, c'est de pouvoir compter sur l'appui politique et les ressources suffisantes pour qu'il n'y ait aucune interruption dans les opérations de lutte.
En 1996, 152 814 cas ont été enregistrés, dont 78 % dans un seul pays le Soudan. En dehors du Soudan, le nombre de cas enregistrés en 1996 a été de 34 326, ce qui représente une diminution de 52 % par rapport à 1995. En outre, le nombre de villages signalant des cas de dracunculose en dehors du Soudan a diminué de 37 % entre 1995 et 1996.
En janvier 1997, l'interruption de la transmission de la dracunculose a été certifiée dans 21 pays, dont la République islamique d'Iran et le Pakistan. C'est la première fois que des pays où la dracunculose sévissait à l'état endémique dans les années 1960 sont reconnus exempts de la maladie depuis trois ans au moins. Le processus de certification se poursuit dans d'autres pays.
On estime que 55 millions de personnes sont exposées au risque d'infection dont 4 millions seulement sont sous surveillance. Ainsi, les 25 000 cas signalés en 1995 ne reflètent pas l'ampleur du fléau et le nombre annuel effectif de cas pourrait se situer entre 300 000 et 500 000.
Pour l'Assemblée mondiale de la Santé, il faut donc s'attacher avant tout à sensibiliser les organisations nationales et internationales de développement à l'ampleur du problème, à mobiliser de nouvelles ressources et à mettre sur pied des dispositifs complets de surveillance et de lutte par une forte coordination au niveau international et dans les pays où le risque d'infection existe.